|
Même si la mer t’emporte
Dans son château de cloportes
Pour dégager tes vieux filets
Reprendre ton corps, ton gilet
Embarque-toi sur la coquille fantôme
Embarque- toi, poisson qui poulbote
Embarque-toi, poisson qui vivote
Et si tu t’en trouvais mieux
Des plages d’écume dans les yeux
Pour le profond de ton mieux-toi
Tu les regarderas pour toi
Embarque- toi…
Le ressac sur les rives la nuit
Ramènera le blanc de tes envies
A faire pâlir les habitants
Des coquilles vides de notre temps
Le poisson-clown dans son bocal
Sous le regard des chacals
Des crapouillots et des enfants
Cherche la mer en se vantant
Embarque-toi…
Il est grand temps de décrocher
La lune et les gants camouflés
L’hameçon, les leurres et les appâts
Et patati et patata
|
Des mots trempés au vitriol
Ceux lancés façon gaudriole
Les gentils tout sucrés de larmes
Les vils enrubannés, les armes
Ceux qui nous tuent sans coup férir
Ceux qui sur le coup nous font rire
Les enlacés, les enrobés
Les camouflés, les engoncés
Les jetés des bouteilles en mer
Les jetés à la hâte en l’air
Les assoiffés défaits de sens
Les délicats de la prudence
Les lourds de raison qui s’emballent
Quand ils se tapent la morale
Les déclinés avec pincette
Ceux qui ramènent les courbettes
Les doux qu’on refilent en billet
Ceux qu’on écrit pour la monnaie
Les coléreux qui nous surprennent
Les ressentis qui nous apprennent
A ne pas dire n’importe quoi
A ne pas tout gober ,ma foi…
|
Des eaux, des relations potables
Que l’on maintient du bout du fil
Du vent dans nos cerveaux portables
Souffle sur le chagrin des villes
Du fond miné des guerres obscures
S’arrachent nos gamelles minables
De bar en tombe, il va fleurir
Les bras m’en tombent
Nos souvenirs
Comme une raclure banalisée
De dérapages contrôlés
En trouilles bien acidulées
Il faut maintenant que l’on se presse
Pour sauver ceux qu’on a blessés
Bouffés par nos états d’ivresse
Elle est très bien dite la messe
Et la pilule du lendemain
Passera par le gosier dimanche
Bon an malencontreusement
Joli petit retour de manche
Mais à trop jouer les purs et durs
Pour éviter le pur qui épure
Le rêve finit par s’engluer
A même plus pouvoir gueuler
Il faudra laver nos costards
Taillés dans nos âmes fluettes
Casser les toupies , les girouettes
Ne plus épandre le fumier
Les bars, les tombes
Il va fleurir
Si l’on nous sonde au bout du pire
Si on nous vole nos souvenirs…
Texte et musique :Michel Buzon
Arrangements :Ludovic Mantion |
La nuit, je traque les odeurs de sainteté
Sous les draps, sous la pluie, pour pavoiser,
Faire le beau, endormir l’insomnie qui se tord
Dégriser le cœur qui s’affole et qui mord
La nuit, je craque dans le secret de l’allumette
Les jambes cerclées du baume que l’on jette
Au feu de nos envies de sève ensevelie
De clown resquilleur qui avale la lie
Saurons-nous un jour nous endormir dans l’heure
Après trois pages de lecture, insoumis,
Saurons-nous un jour nous endormir
Sans les odeurs de sainteté ?
La nuit, je braque tout l’or des dentelles
Reniflées à la hâte dans des boites chez elle
Le monde me dit le rêve et me commande
Le désir bien appris des plus gourmandes
La nuit , je sape mon petit corps du petit jour
Qui va grandir pour me laisser paraître
Dans le métier, je vais pâlir et paître
Dans les rues arracher des « bonjour »
Le jour qui tombe va me donner la nuit
Comme un geste de paix, comme une aumône
Sous les draps, la chaleur et l’ennui
Du bout des hommes
Saurons-nous un jour nous endormir dans l’heure
Après trois pages de lecture, insoumis
Saurons-nous un jour nous endormir
Sans les odeurs de sainteté ?
Saurons-nous un jour nous endormir ?
|